Audric Gueidan, médiateur numérique, nous parle ce mois-ci de la bande dessinée qu’il a réalisée autour de la protection des données personnelles.

" L’idée est de sensibiliser pour comprendre ce qui se passe et ce qu’on peut faire et on se rend compte qu’on à le choix des outils, des services et du matériel."

UNE DONNÉE PERSONNELLE C'EST QUOI ?

Selon la CNIL, Une donnée personnelle concerne toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable. Mais, parce qu’elles concernent des personnes, celles-ci doivent en conserver la maîtrise.

Exemple : Nom, numéro de téléphone, adresse postale, adresse mail personnelle

Par contre, des coordonnées d’entreprises (par exemple, l’entreprise « Compagnie A » avec son adresse postale, le numéro de téléphone de son standard et un courriel de contact générique « compagnie1[@]email.fr ») ne sont pas, en principe, des données personnelles.

Bonjour Audric, est-ce que tu pourrais te présenter ?

J’aime bien  me définir comme médiateur numérique, même si ce n’est pas ce que je fais le plus en ce moment. Actuellement, je suis responsable d’un espace de co-working et hôtel d’entreprise, La Filature Numérique dans le Maine-et-Loire à Cholet.

A côté ça, je suis toujours médiateur numérique indépendant, et formateur. Dans ce cadre je vais à la fois former des personnes de la fonction publique, beaucoup de bibliothécaires, mais aussi intervenir dans des tiers-lieux, des centres socioculturels, des médiathèques et parfois des entreprises.

L’animation et le fil conducteur de mon parcours . L’animation d’un espace, d’une communauté et la transmission de compétences et de savoirs techniques avec en tête la vulgarisation, l’idée de rendre compréhensible des concepts abstraits. L’objectif c’est que les gens puissent comprendre de quoi on parle et avoir le choix des outils qu’ils utilisent.

Pourquoi tu as eu envie de créer une bande dessinée ?

Ça faisait un moment que j’avais envie d’utiliser ce support. Je trouve que la BD ça permet de toucher un public large, de faire de la vulgarisation, de partir dans certains délires, tu l’as peut-être vu en lisant mon histoire.

Ça faisait un moment que j’avais cette idée là, mais je ne voulais  pas  commencer par une bande dessinée. C’est pour ça qu’entre-temps j’ai écrit un livre sur les consoles de jeux Open Source, ce qui m’a permis de tester un peu la casquette d’auteur, de voir comment on travaille avec un éditeur. Cette première expérience s’étant bien déroulée, je suis revenu à mon idée d’écrire une BD sur la captation des données et comment protéger sa vie sur internet.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur les thématiques abordées dans la BD ?

Alors globalement, je parle de la captation des données et pourquoi il faut s’y intéresser et se poser des questions sur sa pratique.

Moi en tout cas c’est ce que j’ai fait. Il y a une partie « autobiographique », où j’explique ma prise de conscience et ce que j’ai tenté de faire pour faire évoluer ma vie numérique et reprendre en main mes données.

J’évoque différents sujets:

  • Les mots de passe et comment les gérer.
  • Le chiffrement, à quoi ça sert, comment ça fonctionne, notamment le chiffrement des communications
  • Les logiciels libres, qui est pour moi une solution pour reprendre en main ses données, en tout cas comprendre ce qui se passe vraiment.
  • Les cookies
  • La navigation internet et un peu de l’histoire d’internet.
  • Le fonctionnement des réseaux sociaux et comment ils arrivent à faire cette bulle de filtres, la même que les moteurs de recherche et pourquoi lorsque je fais une recherche je vais trouver des résultats qui vont dans mon sens et qui ne vont pas me frustrer.
  • L’archivage de l’information sur internet
  • Les communs
  • L’espionnage
  • Les publicités ciblées
  • Les traqueurs et les pisteurs que l’on peut retrouver sur les sites internet et les applications sur smartphone.
  • La RGPD…
 

Enfin voilà il y a pas mal de choses, beaucoup de petit sujet.

 

Lorsque tu as écrit cette bande dessinée est-ce-que tu avais en tête un public cible ?

Je dirai qu’à partir de 10-12 ans c’est largement accessible. Il y a beaucoup d’adultes qui ne savent pas comment ça marche et c’est pour cela aussi qu’ils ont beaucoup de mal à accompagner leurs enfants sur les outils numériques et sur les réseaux sociaux, car ils sont eux même déconnectés de tout ça.

De mon point de vue, les séniors,  sont maintenant un peu plus au fait, car ils ont du temps et ils sont en train de se former.

Il y a un petit peu le mythe des digital native. Alors oui, ils sont très à l’aise avec leurs smartphones mais dès qu’on les met devant un ordinateur ça va être un peu plus compliqué. Même s’ils arrivent à s’en servir, ils savent rarement comment ça marche ou ce que ça implique. Une partie qui en a conscience et pour qui ce n’est pas grave.

Je n’avais pas envie de diaboliser les outils et le numérique. C’est un sujet qui peut être anxiogène. L’idée est de sensibiliser pour comprendre ce qui se passe, ce qu’on peut faire et on se rend compte qu’on a le choix des outils, des services et du matériel.

Étant donné que les Géant nous balancent tout gratuitement on a l’impression de ne pas avoir le choix, on n’a pas forcément envie de changer ses habitudes.

Oui d’ailleurs tu l’abordes au tout départ, ton « addiction » aux outils Apple, ça a du demander un changement d’habitude. Est-ce qu’aujourd’hui on peut se passer entièrement des outils GAFAM ?

Alors on ne peut pas vraiment, parce qu’avec la dématérialisation et tout ce qui est en ligne on est obligé d’utiliser certains outils GAFAM ou alors ils sont partout, ne serait-ce que sur le site des impôts il y avait à un moment une vidéo qui été hébergée sur YouTube. En revanche maintenant, quand j’utilise l’un de leurs services je sais ce que j’y gagne mais je sais aussi ce que j’y perds.

Est-ce que tu as eu des retours d’expériences sur des temps de sensibilisation animé en lien avec ta BD ?

Juste avant sa sortie le 15 mars dernier,  j’ai pu animer une conférence atelier sur cette thématique mais je n’ai pas pu m’en servir,  je l’ai juste évoquée.

Par contre j’ai eu un retour d’une conseillère numérique, anciennement bibliothécaire, qui a beaucoup aimé la BD et qui s’en sert comme outil pédagogique. Elle s’appuie dessus pour des ateliers et ça a fait écho à son parcours et à sa prise de conscience.

Donc je commence à avoir des retours dans ce sens-là et je trouve ça super car c’est un petit peu l’idée que je m’étais faite de cette BD.

Je trouve ça super si des médiateurs peuvent se l’approprier pour creuser certains sujets avec leurs publics. Mais je souhaiterais également pouvoir avoir des retours de personnes néophytes, qui ne connaissent pas du tout le sujet.

Et autres petites informations, je fais un peu de teasing, je souhaiterais aborder la question du numérique responsable dans une nouvelle BD, ce qui me permettra de parler de Lowtech, de réparabilité, tous ces sujets que je n’ai pas pu aborder dans cette première BD.

Est-ce que tu aurais, au-delà de ta BD qui est déjà une ressource en soi, quelques ressources à nous partager sur cette question de la protection des données ?

La ressource que je peux conseiller, c’est la ressource humaine. Les centres sociaux, les bibliothèques, les fablab. Là ou il y a des gens qui peuvent, conseiller et accompagner ces changements.

Vous pouvez retrouver les ressources en ligne proposées par Audric ci-dessous.

Toutes les images de cet article sont issues de l’ouvrage DATAMANIA, Auteur : Audric GUEIDAN / Illustrator : Halfbob – Ces images ne sont pas libres de droit.

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